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allaiter en travaillant |
J’ai toujours eu envie de m’arrêter de travailler pour élever mes enfants. Je savais que je ne le pourrais pas pour ce premier bébé. Ajoutez à ça une grossesse difficile, des débuts d’allaitement très mal vécus (crevasses, pressions des pédiatres pour que j’arrête en raison du peu de prise de poids de mon fils, pressions familiales pour les même raison et d’autres moins avouées), une opération pour mon fils, vous comprendrez que je n’avait aucune envie de « rempiler » !
Pour moi il était hors de question de sevrer. Avant la naissance, je n’avais qu’une idée très vague de ce que serait mon allaitement. Plus le temps passe, et plus je trouve naturel de continuer. Je ne me vois pas entamer une épreuve de force avec mon fils ! Pourquoi faire d’ailleurs ? On aime ça tout les deux, et je peux faire autrement…
J'ai beaucoup lu, et trouvé de nombreux témoignages de mamans qui réussissent à allaiter leur bébé en travaillant, en tirant leur lait, en maintenant leur lactation par les tétées de nuits et l’allaitement exclusif les jours de repos, ou qui gardent uniquement les tétées du matin et du soir. Je me suis dit que c’était sûrement un peu contraignant, mais qu'une fois rôdée les désagréments seraient minimes. J’ai choisi de passer à 80%.
Passer Léo-Paul au biberon a été très difficile à envisager. J'ai eu très peur de la confusion sein/tétine, et très peur aussi qu'il préfère le biberon au sein de maman, bref qu'il choisisse la facilité! Impossible de le nourrir avec la soft cup ou autrement, il refusait tout mais acceptait le biberon. Par chance, il a très bien fait la différence entre les deux, et n’a pas arrêté de demander le sein.
J'ai acheté un tire-lait, j'ai congelé des sachets, j'ai expliqué à la nounou comment les utiliser. J’ai eu l’énorme chance de rencontrer une nounou sympa, qui respecte nos choix parentaux. D’ailleurs je vais demander à la nounou de lui apprendre à boire au verre, moi je n'y arrive pas.
Il ne me restait plus que les angoisses de savoir si ça se passerait bien, combien de lait je devait donner à la nounou, si ma lactation survivrait à une séparation de 12h d’avec Léo-Paul, au stress et aux nombreuses heures de transports que j’avais par jour (3h40)… et la réaction de ma hiérarchie et de mes collègues.
La surprise pour moi, c’est que le retour au travail s’est bien mieux passé que prévu. J’étais tellement habituer à lutter pour imposer mon allaitement !
Je suis fonctionnaire ; et je suis apparemment la première femme à demander une heure pour pouvoir tirer son lait. On a mis à ma disposition l’infirmerie .J'ai donc un accès direct à de l'eau chaude, et à un endroit tranquille. Seul problème: le lit qui me donne envie de faire une bonne sieste! il y a un frigo dans les bureaux, je met mon lait dedans dans la journée. j'ai acheté un sac à dos isotherme: je mets mes affaires dans la grande poche et mes sachets de lait dans la petite. Je suis mutée au premier septembre, je ne sais pas comment cela va être pris sur mon nouveau lieu de travail
J’ai rencontré de la curiosité positive chez mes collègues féminines, je sens que mon expérience leur ouvre des horizons. Je suis surprise, et un peu triste, en les entendant parler de leurs tentatives d'allaitement. C'est toujours la même chose «je n'avais pas assez de lait», «mon lait n'était pas bon»... Difficile de trouver le juste équilibre dans les réponses, je ne veux pas les peiner mais je tiens à les informer. Je me rends compte de façon encore plus criante des mauvaises informations données aux mamans, et de la mauvaise réputation que peut avoir la LLL.!
Au début de ma reprise du travail, Léo-Paul dormait avec nous les veilles de jours travaillés, et du coup mangeait plusieurs fois dans la nuit mais je n’arrivais plus à dormir. J’ai préféré le remettre dans sa chambre et me lever.
Je n’ai jamais réussi à tirer de grosses quantités de lait. Je suis environ à 240 ml par jour. Je m'en veux de ne pas avoir été plus prévoyante, et de ne pas avoir stocké plus tôt! Il faut dire que je ne suis pas particulièrement copine avec le tire-lait … j’ai failli me retrouver à court !
Léo-Paul s’est calé de lui-même à 3 biberons de 150 ml chez la nounou, à présent 120 ml avec ses purées et compotes.
Le reste de la semaine, c’est sein à la demande, et au début de sa diversification, je ne lui donnais pas de solides.
J’ai repris le travail depuis 4 mois, mon fils va en avoir 8. J’ai tout de suite senti que le maintien de ce lien serait la seule chose qui adoucirait la séparation. Je n’avais pas tord.
Je sais que mon fils a une petite part de sa maman aussi en journée, savoir qu’il a mon lait me sécurise au travail. J’en retire une fierté particulière, intime. Je le vis naturellement, sans me poser de question, sans étalage mais sans me cacher. Ça intrigue et ça séduit…
J’ai le temps de penser à lui particulièrement pendant que je tire mon lait. J’avais apporté des photos de lui, mais j’ai vite arrêté de tirer en les regardant, ça me donnait le blues ! Ces pauses me permettent aussi de me reposer un peu, d’être au calme.
Tous les soirs, je retrouve mon petit garçon, et le rituel s’est installé : la tétée de retrouvaille, un vrai bonheur pour moi, et une vrai demande de la part de Léo-Paul ; il n’a pas forcément faim, mais on se retrouve, c’est notre moment à nous. On se câline, on se raconte des choses. C’est tendre et émouvant. C’est précieux et inestimable.