Feuillet n° 10 L'allaitement et les
autres aliments
Introduction
Le
lait maternel est la seule nourriture dont ont besoin les bébés, au moins
jusqu'à quatre mois, et la plupart d'entre eux peuvent se satisfaire uniquement
de lait maternel jusqu'à l'âge de six mois. Rien ne sert d'ajouter d'autres
types d'aliments ou de laits avant 4 à 6 mois, sauf dans des circonstances
exceptionnelles. Bien souvent, quand d'autres aliments semblent nécessaires, il
y a une mauvaise compréhension du fonctionnement de l'allaitement ou un mauvais
départ de l'allaitement.
Faut-il
supplémenter pendant les premiers jours?
Beaucoup
croient que la mère n'a pas de lait pendant les premiers jours après
l'accouchement et qu'il faut un supplément en attendant la montée de lait.
Cette croyance semble venir du fait que, pendant les premiers jours, le bébé
semble téter longtemps au sein sans pour autant être satisfait. Les mots clés
sont "semble téter"; il peut très bien ne pas se nourrir suffisamment
pendant ce temps. En effet, un bébé ne se nourrit pas convenablement s'il n'a
pas une bonne prise sur le sein de sa mère. Lorsque le lait devient plus
abondant, entre le 3e et le 7e jour, le bébé peut être bien alimenté même s'il
ne tète pas bien. Mais pendant les premiers jours, si la prise n'est pas bonne,
il n'obtient pas facilement le lait dont il a besoin et par conséquent semble
passer des heures au sein. Il y a une différence entre être au sein et téter.
La prise du bébé doit être bonne pour qu'il puisse téter tout le lait dont il a
besoin et que la nature met à sa disponibilité. Si la correction de la prise,
associée à la compression du sein (voir le feuillet n° 15, La compression du
sein), ne permettent pas de bien nourrir le bébé, et si des suppléments sont
médicalement nécessaires, on peut en offrir au moyen d'un dispositif d'aide à
l'allaitement (voir le feuillet n° 5, L'utilisation d'un dispositif d'aide à
l'allaitement). Cette méthode de supplémentation est certainement préférable à
l'alimentation au doigt ou au gobelet, si le bébé prend le sein. Et elle est de
loin supérieure au biberon. Mais il faut se rappeler que la plupart du temps,
il suffit de corriger la prise pour éviter toute supplémentation.
L'eau
Le
lait maternel est composé à plus de 90 p. 100 d'eau. Un bébé bien allaité n'a
pas besoin d'eau, même l'été, même en période de canicule. S'il ne tète pas
bien, il n'a pas pour autant besoin d'eau; il faut plutôt corriger le problème
d'allaitement.
La
vitamine D
Il
semble que le lait maternel contient peu de vitamine D mais il en contient tout
de même un peu. Il faut présumer que c'est ainsi que la nature a voulu les
choses, et non qu'elle s'est trompée. Pendant la grossesse, le foetus
emmagasine de la vitamine D et restera en santé sans apport supplémentaire de
vitamine D, à moins bien entendu que la mère ait eu une carence en vitamine D
pendant la grossesse. Au Canada, la carence en vitamine D chez les femmes
enceintes est chose rare. L'exposition à la lumière extérieure donne aussi de
la vitamine D au bébé, même l'hiver et même par temps nuageux. Une heure
d'exposition à l'extérieur, chaque semaine, donne au bébé plus de vitamine D
qu'il ne lui en faut, même en hiver et même si seul son visage est exposé à la
lumière.
Il
peut être prudent de donner de la vitamine D au bébé, dans des situations
exceptionnelles, par exemple, s'il est impossible de l'exposer à la lumière
ultraviolette du soleil (dans le Nord canadien en hiver, ou si on ne peut pas
sortir le bébé à l'extérieur). Il est alors conseillé de lui donner le la
vitamine D. Notons que les gouttes de vitamine D sont coûteuses.
Le
fer
Le
lait maternel contient bien moins de fer que les formules lactées, surtout les
formules enrichies en fer. Il semble toutefois que ce soit une protection supplémentaire
contre les infections, puisque nombre de bactéries ont besoin de fer
mobilisable pour se multiplier. Le fer du lait maternel est bien assimilé par
le bébé (taux d'absorption d'environ 50 p. 100) et n'est pas mobilisable pour
les bactéries. Un bébé né à terme et allaité n'a pas besoin de fer
supplémentaire avant l'âge de 6 mois. L'introduction d'aliments riches en fer
ne devrait toutefois pas être trop retardée au-delà de 6 mois.
Aliments
solides (voir aussi le feuillet n° 16, Commencer l'alimentation
solide).
Normalement,
les bébés allaités n'ont pas besoin d'aliments solides avant l'âge de 6 mois.
En fait, beaucoup d'entre eux n'en ont pas besoin avant l'âge de 9 mois ou
plus, si on en juge par leur prise de poids et leur taux de fer. Il y a
toutefois des enfants qui auront plus de mal à accepter les aliments solides si
on ne leur en a pas présenté avant 7 à 9 mois. Comme le bébé de six mois aura
bientôt besoin d'autres sources alimentaires de fer, on recommande en général
l'introduction des solides vers l'âge de 6 mois. C'est aussi plus pratique.
Certains bébés commencent vers 5 mois à vouloir s'approprier la nourriture de
la table familiale et il n'y a généralement pas de raison de les empêcher de
prendre cette nourriture, de jouer avec, de la mettre dans leur bouche et de la
manger.
Les
médecins conseillent habituellement de commencer par les céréales, puis de
passer aux autres aliments. Or le bébé de 6 mois est bien différent de celui de
4 mois. Beaucoup d'enfants de 6 mois ne semblent pas aimer les céréales si on
les introduit à cet âge. Il ne faut pas forcer l'enfant à en prendre, mais
plutôt lui offrir d'autres aliments puis essayer de nouveau quand il sera plus
vieux. S'il refuse, on aurait tort de craindre qu'il lui manque quelque chose.
Les céréales n'ont rien de magique et les bébés se portent très bien sans
elles. De toutes façons, le bébé mangera bientôt du pain. La meilleure source
de fer supplémentaire, c'est la viande.
Rien
ne justifie qu'on donne au bébé un seul aliment à la fois, pendant une semaine,
ni de lui présenter les légumes avant les fruits. Quiconque s'inquiète du goût
sucré des fruits n'a jamais goûté à du lait maternel! On peut donner au bébé de
six mois toute nourriture que mangent ses parents et qui peut être écrasée à la
fourchette.
Une
attitude détendue permet d'éviter bien des problèmes d'alimentation.
Le
lait maternel, le lait de vache, le lait industriel, le travail à l'extérieur
et les biberons (voir aussi le feuillet n° 17, Comment nourrir le bébé quand la
mère travaille hors de la maison)
Un
bébé allaité d'environ 4 mois n'acceptera pas facilement le biberon s'il n'y
est pas déjà habitué. Ce n'est pas un problème. À 6 mois ou même plus jeune, le
bébé peut commencer à boire au gobelet ou au verre, et il le fera très bien à
7-8 mois ou même avant. Si la mère retourne au travail quand il a 6 mois, nul
besoin de commencer à lui faire prendre des biberons de formule lactée. Dans ce
cas, on peut en effet introduire les solides avant l'âge de 6 mois (vers 4 ou 5
mois) pour qu'au retour au travail de la mère, en son absence, le bébé puisse
être nourri principalement à la cuiller. À mesure qu'il vieillit, on peut le
faire boire davantage au gobelet. La maman et son bébé peuvent très bien se débrouiller
sans biberon. Si le bébé refuse le biberon, il ne faut pas l'affamer pour le
forcer à le prendre. Ce n'est pas qu'il est têtu, c'est qu'il ne sait que faire
d'une tétine artificielle. Il peut aussi ne pas aimer le goût du lait
artificiel, ce qui est bien compréhensible.
On a
beaucoup parlé dernièrement d'éviter le lait de vache pour les bébés de moins
de 9 mois, mais cela ne s'applique pas aux bébés allaités. Le bébé allaité peut
commencer à prendre une partie de son lait sous forme de lait de vache dès
l'âge de 6 mois, surtout s'il a par ailleurs une alimentation substantielle et
variée. Le lait de chèvre est une autre solution. Beaucoup de bébés allaités ne
boivent pas de formule lactée parce qu'ils n'en aiment pas le goût. En fait, le
bébé peut prendre au sein tout le lait dont il a besoin, même s'il n'a que
quelques tétées par jour; aucun autre lait n'est nécessaire.
Mon
bébé de 4 mois a faim quand il n'a que mon lait. Dois-je lui donner des solides
ou du lait artificiel?
S'il
n'y a pas de bonne raison de donner des biberons de lait artificiel, il peut y
avoir de très bonnes raisons de ne pas en donner. Même à cet âge, le bébé peut
préférer le biberon, s'il ne semble pas se satisfaire du lait maternel (s'il
accepte le biberon). Dans les circonstances, il est préférable de donner des
solides à la cuiller, plutôt que des biberons de lait artificiel. Dans bien des
cas, toutefois, on peut corriger le problème simplement en améliorant la
technique d'allaitement; il faut demander de l'aide! Si l'on veut mélanger du
lait artificiel aux solides, cela ne causera pas les mêmes problèmes que les
biberons. Si le bébé semble avoir encore faim après la tétée, on peut lui
donner des solides à la cuiller. Avec des techniques d'allaitement simples, on
peut toutefois lui faire prendre suffisamment de poids ou le satisfaire au
sein. Il faut se renseigner auprès d'une clinique.
Traduction du
feuillet n° 10, Breastfeeding and other foods
Révisé en janvier 2000, octobre 2000 pour la version
française
Dr Jack Newman - M.D., FRCPC - Pédiatre - Responsable
d'une consultation de lactation - Toronto - Canada
Peut être copié et diffusé sans autre autorisation.